En dépit des ondées, hier ressentant le besoin de faire une pause après un marathon de cinq jours pour boucler les 400 pages du grrrros essai pour Mnémos (réédition d’un livre sur la science-fiction que j’avais fait avec Raphaël Colson il y a quelques années, retravaillé et complété, à sortir en avril), hier donc, je sortis de chez moi, ouiiii. Je me suis donc promené mi à pied mi à tram, en essayant de ménager mon dos coincé et crispé, au bord du lumbago. Il y a pas mal d’années de cela, j’avais fait à Londres une petite folie : je m’étais acheté un parapluie. Ah mais non, pas n’importe lequel : un pépin de chez James Smith & Son. Robuste et garanti à vie. Eh bien, je ne l’avais jamais autant utilisé que depuis que je suis à Bordeaux. Et en repartant du café où je venais de faire connaissance de mes consœurs de chez Mirobole, je remarquai avec amusement que la dame devant moi s’abritait sous un parapluie blanc et bleu frappé du nom de Mollat, l’über librairie locale. Quand on vous dit qu’il pleut, à Bordeaux ! La grande librairie vend même des parapluies à son nom !
La déception fut tout de même un peu de ma randonnée : je voulais aller voir le nouveau quartier New York, sur lequel j’avais lu un article dans un mag d’archi auquel je suis abonné. Las : alors que l’architecte évoquait une fusion douce des espaces publiques et privés, le résultat dans le réel est bien différent. Une immense grille fermée et tout autour de la résidence des petits mots paranoïaques semés de « interdiction », « sécurité », « fermeture ». Et le nouveau quartier de Bordeaux Maritime, également vu dans le même magazine quelques mois avant n’est pas mieux : bouclé, cadenassé, on n’entre pas. Ce nouvel urbanisme éco-machin érige dans la ville des bastions bourgeois qui, de toute leur hauteur, toisent avec morgue les petites maisons populaires qui les entourent. Il a sale mine, l’urbanisme contemporain à la sauce Juppé.